Se taire, garder pour soi, encaisser. C’est ce que font depuis longtemps tous les personnages créés par la comédienne et, au moment où on les rencontre les voici tous sur le fil, le point de bascule, le moment où ils vont craquer et, enfin, parler. Ce sera libérateur, étonnant, corrosif parfois, jubilatoire toujours. Ils pourraient être nos voisins, nos parents, nos collègues ; on les découvre en les connaissant déjà, incarnés avec une justesse folle et un humour implacable qui ne verse jamais dans le cynisme.
Peut-être parce qu’il y a chez Marion Mezadorian une tendresse pour ses personnages ; elle les campe avec un jeu vif et précis et sait avec humour, énergie et délicatesse nous donner à voir les petites victoires sur le poids des conventions qu’emporte chacun d’eux. C’est jouissif, drôle et intelligent : bonheur.